Les guérisseurs et le docteur blanc
Les médecins auparavant missionnés sur l’île d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) se sont pris au jeu de consigner leurs vécus dans un petit carnet de notes, qui est toujours là, au dispensaire. A la lecture de leurs témoignages nous découvrons leurs difficultés d’exercer « en brousse » quand leurs patients kanak ont d’abord recours à une médecine traditionnelle qui n’est pas toujours compatible à la médecine moderne… un mode de soin toujours pratiqué.
Synopsis
C’est une voix off, extraite d’un carnet de bord tenu par différents médecins de brousse, qui nous transporte sur l’île d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie. Au dispensaire d’Ouloup, le seul de l’île, les consultations et les urgences se succèdent. C’est le quotidien de Denis Hervouin et son équipe qui pratiquent ici leur médecine, celle des docteurs blancs. Le film nous installe dans un espace intimiste et nous attache à ces soignants et à leurs patients.
Pour seule voix-off, quelques témoignages de précédents médecins passés par le dispensaire et rassemblés dans un recueil, sorte de prolongement de leurs pensées. Car tous s’interrogent. La plupart des malades qu’ils croisent au quotidien ont recours à une autre médecine, plus secrète, mais bien ancrée dans le parcours de leurs patients : la médecine traditionnelle. Un autre univers à la rencontre des guérisseurs de l’île dans lequel on bascule grâce aux patients croisés au dispensaire.
Sans être didactique ni partie prenante, les réalisateurs abordent avec délicatesse et respect un monde méconnu. D’un côté la médecine traditionnelle fondée sur une culture et des rites ancestraux, de l’autre une médecine moderne pragmatique basée sur la science. Ancienne infirmière, la réalisatrice Virginie Saclier signe après « Cyril, ma part de kanak » son second film tourné à Ouvéa. Elle interroge ici sur les multiples dimensions que peut revêtir la maladie dans le monde mélanésien tant physique que social et mystique… Fait rare, les guérisseurs prennent la parole et nous livrent leur point de vue. Un documentaire sensible et envoutant sublimé par les images de Benjamin Lucas, co-réalisateur du film.